Nous sommes le 5 janvier 2022. Depuis 10 jours, ma bulle de filtre écolo est en mode vibreur. Collègues, parents et amis encensent ce film pour sa justesse, son intensité, son inventivité, « tu vas adorer »… sauf que.

Le truc c’est que chez moi, c’est tombé à côté. J’ai même trouvé qu’il sonnait faux.
Pas vous?
Certes, le film est politiquement utile.
C’est vrai que les acteurs sont bons et j’ai ri.
Oui, la critique du solutionnisme technologique est spectaculaire.
Et la dénonciation du cynisme des hyper riches fait mouche.
En soi, c’est déjà pas mal pour faire un bon film.
Mais il a des défauts, et quels défauts ! Il a même une part que je qualifierais de sombre :
1. D’abord il caricature salement tous les camps. Que ce soit la figure du techno magnat autiste ou du staff présidentiel stupide. On est dans une grossièreté qui frise celle de ceux qu’il dénonce.
2. Côté gentils, le film n’interroge jamais le fait que la science a une responsabilité dans son propre rejet. Elle n’est pas présentée comme divisée en son sein alors que c’est justement cette conflictualité interne qui fait sa valeur.
Ériger la science comme détentrice d’une vérité objective, c’est un vrai gros défaut. Parce que la science aussi est politique. Qu’on le veuille ou non. Présenter la science d’un côté et la politique de l’autre comme des dogmes contradictoires, depuis Hannah Arendt c’est ce qu’on appelle le terreau des totalitarismes.
3. Mais son plus grand défaut, c’est que la catastrophe y est présentée comme un élément exogène, transcendant. Avec une assimilation à la sanction divine qui n’est même pas voilée! « Mais c’est une allégorie Maxime ! me dit-on, une simplification pour faire passer le message ! »
Alors je réponds que non, c’est une erreur.
Notre problème écologique est immanent, il vient de nous — il faut l’ancrer dans les esprits. Il dépend précisément de nos choix technologiques, économiques et politiques.
Faire porter la responsabilité sur la sphère politique ou la sanction divine, c’est laisser croire que la solution repose sur une figure paternaliste.
Cette vision place chacun d’entre nous de facto dans une position de faiblesse. Exactement comme les théories complotistes ou apocalyptiques, ce film magnifie notre impuissance et devient le contraire de l’émancipation.
De façon générale, j’ai du mal à comprendre qu’on puisse critiquer le « populisme » de Trump d’un côté et le remplacer par un autre.
Il n’est pas inévitable de basculer dans le cliché pour faire du grand public.
Bon, relativisons : ce film me paraît utile. Il est amusant, et sur un sujet aussi grave, c’est un exploit.
Le mouvement “climat” fait un pas de plus vers l’hégémonie culturelle dans le monde entier, et c’est une bonne nouvelle.
Je comprends qu’on s’en réjouisse et je suis content de vous en parler.
Mais je voudrais attirer notre attention. ⚠️
Ne remplaçons pas un système inique par un autre.
#DontLookUp
#Netflix #LeoDiCaprio #climat
Votre commentaire